Gabon : le journaliste Harold Leckat Igassela placé en détention préventive

Le directeur de publication du site d’information Gabon Média Time (GMT), Harold Leckat Igassela, a été placé sous mandat de dépôt ce lundi 20 octobre 2025, à l’issue de son audition au palais de justice de Libreville. L’homme de presse avait été interpellé le 15 octobre dernier à son arrivée à l’aéroport international Léon-Mba, alors qu’il rentrait d’un séjour en France.Durant près d’une semaine, le journaliste a été retenu dans les locaux de la Direction générale des recherches (DGR), un service de renseignement relevant de la gendarmerie nationale, avant d’être déféré devant le parquet.
Aucune autorité n’a, pour l’heure, communiqué officiellement sur les motifs précis de cette arrestation. Selon un communiqué de la rédaction de GMT, cette affaire découlerait d’un litige commercial opposant l’agence Global Média Time, dont Harold Leckat est le gérant, à la Caisse de dépôt et de consignation (CDC). Une plainte aurait été déposée à ce sujet le 9 octobre dernier. Cependant, plusieurs publications sur les réseaux sociaux évoquent des accusations de détournement de fonds publics, information qu’aucune source judiciaire n’a encore confirmée.
Face à cette situation, plusieurs organisations professionnelles des médias ont dénoncé ce qu’elles qualifient d’“acharnement judiciaire” contre le journaliste. Dans une déclaration commune publiée le lundi 20 octobre 2025, elles exigent sa libération immédiate et appellent les autorités à respecter les garanties fondamentales liées à la liberté de la presse.
Un signal préoccupant pour la liberté de la presse ?
L’affaire Harold Leckat Igassela met en lumière, une fois encore, la fragilité de l’espace médiatique gabonais, souvent pris entre la rigueur du droit et les zones d’ombre du pouvoir. Si la justice doit suivre son cours, la confusion entre dossier commercial et poursuite pénale soulève des interrogations sur la proportionnalité de la réponse judiciaire.
Dans un contexte où le pays affiche sa volonté de renforcer la gouvernance et la transparence, l’emprisonnement d’un journaliste sans communication claire sur les charges retenues risque d’envoyer un signal contre-productif. Entre la nécessaire lutte contre la délinquance financière et la protection du droit à l’information, le Gabon joue ici une partie d’équilibre délicate, dont l’issue dira beaucoup sur la solidité de son État de droit.-